8 ème grimpée du Semnoz vue de l’intérieur

J’arrive à 8 h 20. Et je vois déjà beaucoup de maillots jaunes. Je salue les membres du Vca ; je discute avec certains. Je constate déjà la présence de nombreux coureurs. Tout à l’air de bien se dérouler ! En tout cas, je ne perçois aucun affolement de la part des organisateurs. Guy gère cela à merveille.

Le dossard est rapidement récupéré. Je remarque l’efficacité des volontaires du Vca et leurs sourires dans la zone des inscriptions. Le plus long sera d’attacher le dossard – le 36 – à gauche à l’arrière du maillot. Je  pars m’échauffer en montant environ six kilomètres sur un rythme très tranquille. Je ne procède qu’à une seule accélération afin d’habituer le cœur à de hautes pulsations.

A 9 h 10, je redescends tranquillement vers le départ et croise de nombreux cyclos. J’ai l’impression qu’un certain nombre d’entre eux ne participera pas à la grimpée chronométrée. Je croise Michel qui monte en vélo et certains des signaleurs qui s’en vont occuper leur poste et fonctions. Tous me saluent d’un petit geste ou d’un petit mot. Je dépose rapidement ma veste auprès de Guy et de Jean-Pierre. Et je discute avec quelques participants, notamment le père du recordman de la montée qui est venu avec son second fils, Tanguy.

9 h 30, c’est le départ. C’est le moment le plus « dangereux » ! Il nous faut mettre les cales-pieds juste en démarrant en pente et l’équilibre est précaire. Tout se passe souvent bien mais nous devons être attentifs. Le démarrage est rapide. Je roule fort sans me mettre trop dans le rouge. Je double des participants qui ont décidé de monter moins vite. Très rapidement, les groupes de niveau se forment. Après un kilomètre, je me retrouve à l’arrière d’un groupe et je m’y accroche. Nous montons sur un bon rythme ; les deux premiers kilomètres autour des 17 km/h. Devant, un groupe se détache inexorablement ! Je me fais décrocher au niveau du parc animalier. Tout doucement, ma roue avant semble reculer par rapport à la roue arrière du cyclo que je suis. Je ne m’affole pas. Je connais cette montée et je sais que nous allons entrer sur une zone moins pentue juste avant d’attaquer le plat des Puisots. Je fais l’effort pour recoller au groupe juste avant l’arrivée aux Puisots en mettant gros plateau et en appuyant plus franchement sur les pédales. Maintenant, c’est trois kilomètres entre 2 et 3 % et je dois récupérer un peu avant la portion la plus difficile. Sur ce replat, l’idéal est de se trouver un bon groupe pour profiter de l’aspiration. Nous sommes au delà des 25 km/h et même parfois au-delà des 35 km/h. Je reste à l’abri dans les roues. Ma fréquence cardiaque baisse de quelques pulsations. Je me sens plutôt bien.

Il reste la partie la plus difficile avec ses sept kilomètres à plus de 8 % de moyenne. Lorsque nous montons le crêt de Chatillon, cette forte augmentation de la pente est visible à l’œil nu. J’ai toujours l’impression de me trouver face à un mur. Aujourd’hui, tout se déroule plutôt bien. Je suis sur le plateau des 39 dents et j’enroule les tours du pédalier sur un rythme régulier. Nous sommes entre 15 et 16 km/h. Nous passons à l’intersection avec la route descendant sur Quintal… Quelques supporters – notamment les signaleurs du Vca – sont là et encouragent les cyclistes. Et les hectomètres défilent – parfois entrecoupées par la remontée d’un véhicule de l’organisation dont les occupants ne manquent pas de me saluer. Je gère la montée mais je sais déjà qu’avec ce développement, je risque de souffrir dans les portions les plus inclinées. Nous continuons à doubler quelques personnes participant à  « un jour / un col ». Certains s’arrêtent même pour nous laisser passer quant à la plupart, ils gèrent du mieux qu’ils peuvent en regardant passer les coursiers. Kilomètre 10, je commence à souffrir. Les pourcentages sont plus élevés. Un randonneur nous annonce un classement et une 26ème place au moment où je le double. Je tombe des nues et cela me redonne quelques forces. Je tente de m’accrocher aux deux coureurs qui montent toujours sur un rythme régulier. Mais je faiblis… Un peu plus loin, j’aperçois notre photographe officiel Lionel qui photographie chaque cyclo. J’essaie de faire bonne figure lorsque je passe devant lui – j’essaie toujours de sourire lorsque je passe devant un photographe lors d’une course ou randonnée. Les difficultés s’accroissent. J’essaie de maintenir une vitesse de 12 à 13 km/h dans les portions les plus pentues mais je me fais rejoindre par des cyclos qui terminent sur un meilleur tempo que moi. Enfin, nous arrivons. Michel était dans le dernier virage et m’encourage… Je me lève sur les pédales pour tenter d’accélérer mais me rassoie rapidement. Encore quelques mètres et je ne verrais plus que du jaune. Les bénévoles du Vca sont nombreux et gèrent avec efficacité les arrivées… Agréable de passer sous le porche d’arrivée. Je jette un œil à mon compteur et constate, avec plaisir, un temps inférieur à 52 minutes. WAOUH !!!!

Alain me laisse reprendre mon souffle et me donne la parole quelques secondes. Il anime avec brio l’arrivée. Les dossards sont efficacement récupérées et il ne reste plus qu’à rouloter quelques minutes pour laisser les muscles évacuer les toxines. Enfin, je me dirige vers la zone de ravitaillement où tous les cylos récupèrent d’abord leur sac et tenue pour la descente. Organisation sans faille confirmée avec le ravitaillement d’une grande diversité… Les bénévoles du Vca sont nombreux et accueillent avec le sourire les coursiers et les randonneurs. La foule se fait parfois dense autour des tables et c’est alors un gentil périple pour parvenir jusqu’à une assiette et un verre. Les arrivants prennent le temps de discuter entre eux sur les tables installées à l’extérieur. Le temps est idéal pour flâner et discuter ! Les récompenses permettent d’entendre d’autres sons que celui des vaches qui sont encore dans les alpages et que celui des cyclos qui racontent tous leur dernier exploit, découverte ou promenade. Pour conclure : la grimpée du Semnoz c’est une organisation sérieuse dans une ambiance conviviale pour un effort intense en côte !

Martial